J’ai étudié la sociologie clinique avec son fondateur en France, Vincent de Gaulejac, dans le cadre du Réseau International de Sociologie Clinique (R.I.S.C.).
Ma longue expérience dans le conseil et en entreprise m’a très tôt sensibilisé à l’importance des facteurs sociaux et intersubjectifs dans la construction et le développement du sujet. Il me semble que de nombreuses approches psy occultent cette dimension au profit d’une attention quasi exclusive à la dimension intra -psychique (que pensez-vous ? que ressentez-vous ?). C’est pour remédier a ce qui me semblait une lacune dans ces approches que j’ai voulu me former à la sociologie clinique : pour moi le social et le psychisme s’imbriquent l’un dans l’autre.
Comprendre le stress, le mal être au travail et les angoisses sociétales requiert de ne pas réduire ces problématiques aux seules variables psychologiques mais de prendre en compte les dilemmes et les injonctions paradoxales générés pas l’entreprise et la société.
La sociologie clinique étudie comment le sujet social construit un sens à partir des divers déterminismes qui agissent en lui. Elle montre que l’individu est un sujet qui, bien que situé dans des rapports sociaux actuels, est aussi le produit d’une histoire sociale et familiale. Un sujet, entendu dans les deux sens de ce terme : à la fois assujetti par les déterminismes sociaux et psychiques entremêlés, mais aussi capable de faire quelque chose de ce qu’on a fait de lui, pour tenter de produire, en société, un sens à son histoire.
La sociologie clinique a pour projet d’étudier et de rendre compte des phénomènes humains en réalisant une articulation entre la compréhension des déterminismes sociaux et ceux de nature psychique. Elle convoque pour y parvenir, un regard de type sociologique et historique (l’humain est toujours situé socialement et historiquement) et un regard psychanalytique (l’humain se construit grâce à ses premiers attachements affectifs).
C’est la pratique qui spécifie la sociologie clinique comme telle. L’approche clinique de la sociologie est ainsi construite pour permettre au sujet d’analyser les conflits liés aux contradictions du monde social, « aux injonctions paradoxales continues », d’inventer des réponses, de trouver des médiations face à ces contradictions. Il s’agit d’aller au plus près du vécu des patients pour mener cette analyse et mettre en œuvre les changements possibles en élaborant des réponses avec eux.
La sociologie clinique a une visée émancipatoire qui repose sur la possibilité pour un individu (ou un groupe) de se poser en tant que sujet au sens plein.
Pour moi la sociologie clinique éclaire d’un jour diffèrent la notion de sens et la théorie de l’action qui sont deux leviers importants du travail thérapeutique. Intégrer la sociologie clinique a mon approche thérapeutique me permet de mieux prendre en compte les déterminants sociaux dans le cadre du travail d’analyse avec le patient et de pouvoir ainsi les assouplir pour retrouver une plus grande liberté et une capacité d’action accrue.