Je me suis formé à l’animation d’un groupe thérapeutique en étant, à Paris, assistant dans le groupe de parole de la psychanalyste Berta Vega pendant plus de deux ans. Le travail dans un groupe me parait extrêmement enrichissant pour les patients en ce qu’il est très souvent ce que je pourrais appeler un « accélérateur psychique » ou « accélérateur de thérapie ». L’échange et la confrontation aux autres membres du groupe, la réactualisation de schéma de comportements et les résonances aux récits des autres vont faciliter la prise de conscience et la mise au travail.
Le dispositif groupal n’est pas une simple variante technique de la thérapie individuelle. C’est un cadre original qui permet un autre type de travail, même si les deux démarches peuvent être complémentaires et s’enrichir mutuellement. Le groupe permet de travailler directement sur la mise en acte et non pas simplement la verbalisation. Il est un cadre privilégié pour induire des changements personnels durables.
On travaille sur l’ici et maintenant. Ça ne veut absolument pas dire que l’on néglige le passé mais que l’on considère qu’il va se réactualiser dans la situation groupale.
Le travail de groupe s’effectue à trois niveaux : intrapsychique (problématique individuelle), relationnel (modes de communication à l’autre) et groupal (place et rôle dans le groupe).
Les principales spécificités du groupe sont :
- Le partage : réaliser que sa problématique n’est pas toujours unique et raisonne avec celle des autres participants.
- Vivre plus que raconter : Les problématiques s’actualisent dans le cadre groupal et permettent de travailler dans l’ici et maintenant plutôt que dans le discours d’évènements passés.
- Le miroir du groupe : Le reflet dans le regard du groupe est fondamental dans la prise de conscience et le changement. Le regard d’autrui aide les participants à se voir tels qu’ils sont et non tels qu’ils s’imaginent
- La Résonance et l’expérience indirecte : Le groupe permet de ressentir comment les expériences des autres résonnent en soi. Alors que la prise de conscience de sa propre problématique se heurte à des résistances et des défenses il n’en est pas de même pour celle d’autrui. Ces résonnances permettent d’avancer plus rapidement.
Le type de groupe que j’anime :
Un groupe généraliste. C’est-à-dire qui accueille des participants ayant des problématiques différentes et de tous les âges.
Un groupe ouvert : les participants peuvent se renouveler au fil du temps. Le groupe se compose au maximum de 10 participants.
Le cadre :
Il s’agit de thérapie de groupe et non de thérapie en groupe. La thérapie en groupe se centre sur les individus et les patients travaillent individuellement soutenus par le groupe. La thérapie de groupe s’appuie sur le vécu spontané du groupe et sur les interactions.
Le cadre proposé par les thérapeutes est très important. Il doit encourager l’authenticité, le lâcher prise, la vulnérabilité, le dévoilement de l’« ombre ».
Il s’agit d’une approche de thérapie existentielle ou la visée du travail thérapeutique est moins la suppression d’un symptôme ou la guérison d’une « maladie psychique » que la remise en route d’un processus de développement qui s’est trouvé entravé. Il s’agit d’aider les participants à épanouir leurs potentialités.
Les règles :
Les règles sont un élément fondamental du cadre. Elles sont protectrices car elles autorisent l’expression des pulsions, des fantasmes et des désirs sans risque de passage à l’acte. Elles permettent aussi à certains patients d’explorer leur rapport à la loi.
- Règle de libre expression: Dire sans censure ce que l’on pense et ce que l’on ressent. Être le plus spontané possible.
- Règle de présence, de ponctualité et d’engagement: Être « présent quand on est là ». Les participants doivent s’engager pour une période de 6 mois renouvelable.
- Règle de confidentialité: Ce qui se dit dans le groupe reste dans le groupe.
- Règle de restitution: Les interactions entre les participants en dehors du groupe doivent être rapportées dans le groupe.
- Règle de non passage à l’acte: concernant la violence et la sexualité. L’interdit de sexualité concerne bien sur les relations entre thérapeutes et patients mais aussi les relations entre ces derniers à l’intérieur ou l’extérieur du groupe.
- Règle d’abstinence : Les thérapeutes doivent s’abstenir de nouer des relations avec les participants en dehors du groupe.
- Règle de départ: Un participant qui désire quitter le groupe doit annoncer son départ trois séances à l’avance de façon à « travailler » son départ et a ce que le groupe puise aussi le travailler. L’engagement minimum dans le groupe est de six mois (un an ?).
Les principes :
Les principes ne sont pas des règles mais des attitudes qui sont encouragées
- Parler en termes de « je » plutôt que « on » ou « tu ». C’est-à-dire prendre la responsabilité de ce que l’on exprime.
- Se centrer sur l’ici et maintenant. C’est-à-dire éviter la fuite dans le récit, les rationalisations, le verbiage ou la « conversation ».
Chacun est responsable de lui-même et de son travail thérapeutique.